En raison d’un souci technique…

Un train s’arrête à Amberieu-en-Bugey. Il est 14:50. L’attente se prolonge. La première information arrive 20 minutes plus tard: un problème survenu sur un passage-à-niveau. Un jeune agent distribue des bouteilles d’eau, signe que la panne va durer. Confirmation quelques minutes plus tard: le départ n’est pas possible avant 16:30.
À 15:30, on transvase. Les voyageurs n’ayant pas de correspondance à Lyon sont priés de quitter le train et d’embarquer dans un autre.
Vers 16:30, le premier convoi s’ébranle. Le nôtre reste en rade. 17:05, rebelote: nouveau transfert dans un train bourré comme une saucisse à moteur.
Les agents en gare communiquent au compte gouttes, au fil des infos lacunaires qu’ils reçoivent: la voie avait bien été dégagée, mais un automobiliste a forcé le passage, bloquant tout à nouveau. Le premier train est toujours coincé en rase campagne.
Une chose remarquable à relever: le calme des gens, comme une résignation bonhomme. La fatalité du temps? Le foutoir ferroviaire? Les grèves en cascades? Les syndromes d’aliénation postcovidee? Tout le monde prend son mal en patience, habitué à l’attente sans autre perspective qu’elle-même.
Une demi-heure encore. Les rumeurs d’un départ après vingt heures longent les quais. Les bruits sont les seuls à circuler. Les wagons se vident. On prend l’air. On respire. On sourit encore.
Soudain, les agents de gare sont pris à revers. Ils venaient de dire je ne sais pas, nous n’avons pas d’info quand le haut-parleur du quai crache le morceau. Le prochain train va partir sur voie D, attention à la fermeture des portes… tout le monde remonte, sans précipitation, celles et ceux qui avaient une place assise la retrouve, les debouts aussi, les couloirs entre les valises et les chiottes.
Coup de sifflet fatigué, les portes se referment, quelques minutes suspendues et le train repart.
Les haut-parleurs du wagon crachent à nouveau un truc incompréhensible. Je me dis que la compagnie des trains devrait cesser de cracher ainsi…


À Lyon, il est 18:25. Nous aurions dû arriver à 15::22.