À une personne en deuil, je ne dis jamais « sincères condoléances ». Il y a des formules, comme ça, que l’usage a vidé de leur sens et ne (me) disent plus rien. Formules à l’emporte-pièce que l’on sort d’un chapeau mécanique lors de cette circonstance, en même temps particulière et commune, le décès d’une personne proche, pour tenter d’exprimer une forme d’empathie.
Tentative avortée.
Et ils sont nombreux, ces mots désincarnés: bon anniversaire, joyeux Noël, pas de souci, RIP, congrat, bonne année, meilleurs vœux, bon courage, etc. C’est un peu comme ces décors de photographe dans lesquels les visages des protagonistes ont été substitués par des trous où l’on insère sa tronche. Du carton-pâte.
Essayons autre chose.
Il suffirait d’un instant suspendu entre ciel et terre, de s’arrêter sur le bord du chemin, de respirer le parfum de la nuit, d’attendre qu’une pensée fugace nous traverse, d’apprivoiser l’incertitude, de se demander ce que dirait le vent à l’oreille de la mer en passant sur la vague… Et d’oser écrire ce qui naît.