La langue et la moureuse

Une langue habile, sur une épaule perchée,
Tenait en son bout un hommage.
Une femmoureuse, par l’honneur alléchée,
Lui tint à peu près ce langage :
Et bonjour, Belle chose agile ,
Que vous êtes jolie ! que vous me semblez fragile !
Sans mentir, si votre voyage
Se rapporte à votre accostage,
Vous êtes la Malice des hôtes de mes émois.
À ces mots la Languette se sent toute en écume,
Et pour montrer sa belle plume,
Parcourt les pentes de la poupée tentante, lentement il se doit.
La Femme en jouit, et dit : Ma bonne Exquise,
Apprenez que toute caresseuse
Vit aux dépens de celle qui l’embrasse.
Cette leçon vaut bien un orgasme.
La languette honteuse et plus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Adaptation libre et parodique de Jean de La Fontaine