Ce texte est né d’une rencontre avec un ami musicien guinéen. Il m’a raconté son désir d’écrire une chanson en l’honneur des femmes de son pays. Sa langue, c’est le soussou et, en soussou, femme se dit guiné. Il avait la musique et l’idée. Il me l’a raconté. Chez moi je suis rentré, et j’ai écrit ceci. Premier jet.
Guiné. Guiné yo Guiné.
Guiné Ndénou nana yo hohoho et sinbè gbo.
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Tu es un être courage
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Je sais ton âme forte
Une femme se lève
Au soleil s’élève
La maison dort encore
Quand sans bruit elle sort
Pour travailler au champ
Creuse la terre de ses mains
Jusqu’au jour couchant
Elle cueille au jardin
Les légumes d’un repas
Puis récolte le bois
Traverse le village
Sous le regard des sages
C’est son devoir dit-on
Mais aussi sa prison
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Tu es un être courage
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Je sais ton âme forte
L’homme se lève enfin
File au café du coin
À longueur de journée
Tue le temps à parler
Parler et parler encore
Il repeint le décor
Seule sa langue travaille
Mille mouches empaille
Au bout de la palabre
Il pisse derrière un arbre
Retourne à sa maison
Pareil à chaque saison
Femme, dit-il, affamé
Donne-moi à manger
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Tu es un être courage
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Je sais ton âme forte
Femme il serait l’heure
De ne plus avoir peur
Dans le sable de la cour
Trace des mots d’amour
Utilise ton balais
Pour enfin t’envoler
Tes enfants dans les bras
Ce sera le premier pas
Seule tu ne seras pas
Toutes tes sœurs avec toi
Quitte à poser tison
Au cœur de ta maison
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Tu es un être courage
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Je sais ton âme forte
J’aimerais dire aux mères
À ces complices amères
Qu’elles sont responsables
De ce qui les accable
Qu’elle cesse d’élever
Des hommes sans dignité
Petits rois proclamés
Qui ne valent pas moitié
Des femmes qu’ils soumettent
Et que plus tard ils jettent
Parce qu’elles ont malheur
De perdre leur fraîcheur
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Tu es un être courage
Femme, ô toi, la femme
Parmi toutes les femmes
Je sais ton âme forte
À tous les hommes ainsi
Aux petits princes assis
À moins qu’ils ne réveillent
Leurs esprits en sommeil
Et acceptent que la terre
Appartient aussi aux mères
De leurs enfants semés
Par leurs sexes boursouflés
Je dis qu’un jour viendra
Où leur ventre brûlera
Et des fleurs naîtront
Des femmes d’autres saisons.