Louise et Hugo

Louise
« Louise et Hugo », une nouvelle lue par Carine Delfini, « Dernier rêve avant la nuit », RTS La Première, 1er mai 2015

Les rêves ont toujours une manière si particulière de se raconter, de s’inventer des histoires, une incongruité, une invraisemblance, un instant qui n’a rien à voir avec le précédent et s’évapore ensuite, un geste, une main, la ligne d’un sein, une femme dont je vois, en même temps, le dedans et le dehors, le visage et la pensée, la peau et le vêtement qui la couvre, les plis et la colère. Dans le temps du rêve, une seconde est une vie, les instants se contractent. Elle disparaît lorsque je tente de la retenir, passe la porte, non, il n’y a pas de porte, il n’y a plus de porte là où je croyais en voir une, elle traverse le mur, je cours, ma tête heurte la paroi, provoque une fulgurance, une douleur atroce, le sang jaillit immédiatement, explose, je le sens couler à l’intérieur de ma bouche, partir en vague. J’entends ses pas dans l’escalier. Le mur disparaît. Devant moi, il n’y a que la neige, une infinitude de blanc et ses traces au milieu, et le rouge de mon sang cristallise à mes pieds.

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